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16 juin 2007 6 16 /06 /juin /2007 15:46
karine-et-sam.jpg         Samedi 14 Avril. Retrait des dossards porte de Versailles. Cela grouille de monde, d’hommes et de femmes qui vont se lancer sur les 42 Km de la capitale. Cela devrait me rassurer de les entendre raconter, revivre le Marathon de l’an dernier, mais au contraire, cela augmente mon stress. La pression monte, je bois ma bouteille d’eau, sagement, sur les conseils de mon marathonien de mari et j’essaie de relativiser l’événement. Après tout, je peux prendre la chose à sa juste valeur, profiter de la capitale qui s’offrira à nous et vivre cette course sereinement … Facile à dire. Retour au calme dans le XVII° arrondissement et dernier décrassage de 20 minutes, histoire de se rassurer en chaussant les baskets ! Il fait encore très chaud à 20H00 …Arrêter de voir tout en noir … Tiens, ce soir il me faudra faire ma séance de sophrologie pour visualiser le parcours …Christelle, petite pensée pour toi…
Dernier plat de pâtes sur la terrasse d’un troquet sympa. C’est une soirée agréable, et le Marathon ne hante pas mes pensées. Je crois que je suis contente que l’échéance arrive enfin … Je l’ai attendu ce 15 Avril, et il n’a jamais été aussi près.
 
Dimanche 15 Avril. C’est le Jour J !!! La nuit a été bonne, reposante. Je me lève un peu tendue, mais j’exécute sagement les derniers préparatifs : Gatosport, épingles à nourrice, puce, dossard … Mon coach de cœur commence son boulot et apaise mes angoisses. Petite touche de coquetterie, coiffure et maquillage … « Soyez beaux » ! Petite pensée pour Jean-Louis …Je sais que tu as bien raison ; il faut avant tout se faire plaisir !
                                   Nous remontons les Champs Elysées en trottinant. Mon cœur bat la chamade, tant l’événement me semble énorme. Comme des fourmis, les autres coureurs rejoignent la ligne de départ. Je les observe, amusée, parle à l’un ou l’autre, complice … Il y a dans ces rencontres sportives un contact facile, une solidarité inattendue que j’apprécie. Nous voilà arrivés dans la masse de coureurs, nous prenons place au milieu d’eux, dans un petit trou. Ici, on se masse les jambes, là on boit les potions magiques « Energie – dernière minute », et là encore on essaie de faire pipi discrètement … ou presque ! Les discussions tournent autour de la chaleur inhabituelle, déjà palpable à cette heure de la matinée et chacun y va de sa petite phrase : « Ce n’est pas aujourd’hui que l’on va faire un temps », « Cela va tomber comme des mouches au 30ème » … Merci les gars, cela me rassure vraiment !
                                   Et soudain, c’est le compte à rebours … Les Champs s’enflamment, la musique retentit et mon cœur s’emballe. Samuel me prend la main, et son regard me dit que tout cela « ce n’est que du bonheur » ! Quel sport de fous ! Je dois être un peu folle aussi pour être là au milieu de tous ces anonymes et pourtant je sens que seul ce genre d’événement procure de telles émotions. Je crois même que j’ai envie de pleurer, tant la pression est forte. Respirer, penser à respirer et à bien me concentrer, ne pas me laisser happer par la foule qui démarre sur les « chapeaux de roues » !
                                  
            0 à 10 km : Descente mythique, agréable ; les gens s’amusent, sont heureux. J’ouvre de grands yeux pour ne rien oublier ; Samuel fait un guide touristique admirable, et la pression retombe doucement. Je pense à mes entraînements, à mes coachs du Club - qui ont si bien participé à ma préparation et se sont montrés si rassurants face à mes nombreux doutes – et j’ai une confiance inébranlable en mon marathonien de mari. Docilement, je m’arrête à tous les ravitaillements, je bois bien, car il fait chaud, très chaud. Le parcours est plutôt roulant. Je vis l’événement.
 
            12 à 15 km : Point de côté subit, déplaisant qui m’ennuie sur quelques km. Il doit partir, je souffle bien et j’en viens à bout. Ouf ! 1ère frayeur !
 
 
            21 à 27 km : Le semi est passé. 1h 58, le tempo est bon. Au 27ème km, m’attend mon petit Léo. Le voir me redonnera sûrement un peu de peps, car je suis entrée dans l’inconnu, et j’ai peur des Km restants. Voici les fameux tunnels ; c’est « casse-patte », en effet. Les gens commencent à se plaindre, tombent même autour de moi, pris de crampes sévères. Ne pas focaliser sur la douleur … Petit encouragement familial à la sortie d’un pont …Mais dans l’euphorie, je n’ai pas vu mon fils …Mon moral en prend un coup. Je commence à fatiguer. Mes jambes se durcissent. Je m’inquiète en silence, pour ne pas effrayer Samuel qui m’observe sur ces Km difficiles, je le sens. Mais ma tête est plutôt sereine, je sais que je peux y arriver et j’irai jusqu’au bout de l’effort.
 
            29 à 32 km : Le voilà le fameux mur …Passage à vide. Je ne maîtrise pas mes jambes et j’ai l’impression de faire du sur place … Que se passe-t-il ? Moment de solitude … C’est normal, hein René ?! Je me répète une de nos discussions à ce sujet et tes mots me redonnent du courage. Pourtant je ne suis pas si seule, certains sont en plein désarroi, s’arrêtent, ne peuvent plus faire un pas. Si je souffre, les autres aussi. Je suis dans un « no man’s land », les images sont là, mais je ne suis plus connectée … Seules mes pensées résonnent en moi. Samuel est vraiment inquiet : mes 6 minutes au km l’effraient. Alors il travaille mon mental, il a les mots que j’ai besoin d’entendre, il me les murmure et cela fait son effet. Sacré coach ! Il m’emmènera au bout, j’en suis sûre. – Un monsieur me le dira même à l’oreille ! Un gel plus tard, et c’est reparti !
 
            34 à 41 km : Revoilà mes jambes d’antan, j’ai l’impression d’avoir rêvé ce passage galère. J’ai retrouvé ma foulée, mon envie d’avaler le bitume et d’en finir … « Allez, vous êtes en moins de 4h00 » lance un homme sur le côté … Première notion de temps. C’est finalement agréable d’oublier la montre. Sam me trace la route. Les km redéfilent, j’y vois plus clair et je sais que rien ne peut m’empêcher d’atteindre le but maintenant. Plus rien.
 
            41 à 42 km 125 : Samuel me fait passer devant lui : c’est le dernier km,
« Fais-toi plaisir, profite de l’instant ». Je sais qu’il a raison, car le premier marathon a un goût que doivent rechercher vainement ceux qui en ont fait plusieurs … Cela doit tenir à la magie de la première fois. ( Nathalie, tu avais raison sur ce point ! ) Je me sens toute légère, moi qui croyais arriver dans un pitoyable état, je double des gens à l’agonie et j’ai du mal à y croire. ( 3000 personnes doublées dans les 10 derniers kilomètres …diront les stats après coup ).
 
            La ligne : Elle est enfin dans mon champ de vision. 42 km 195 en 3h54’46’’ ! Je l’ai fait !
Les sanglots montent et mon Inséparable me prend la main pour le finir ensemble, comme on l’a commencé ! Je n’arrive pas à réaliser, ni les km, ni le temps. Je tombe dans les bras de mon homme et je pleure de joie. Sans lui, je n’aurais pu vivre ces secondes si particulières. Moi qui croyais le frapper au 30ème, je lui suis reconnaissante de m’avoir fait partager ce qu’il vit au Luberon. Je suis si fière d’avoir réussi pour Nous. Je me suis dépassée, et je récolte les émotions liées à de tels défis personnels.  Difficile d’expliquer à des personnes qui ne courent pas ces sensations intenses mille fois partagées par ceux qui éprouvent ce besoin de se mesurer à leurs limites…Je sais que vous comprenez.
 
Chers Capistes,
 
Je vous ai tous emmenés à ma façon dans cette belle aventure, à laquelle vous avez participé par votre soutien _ aux entraînements, aux sorties _  ou par vos messages qui m’ont fait chaud au cœur …Ma rencontre avec Cap en Luberon est pour moi source d’enrichissements personnels et pour cela, je vous en remercie TOUS très sincèrement.
Affectueusement,
 
Karine
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